mardi 8 avril 2014

L'huile de Palme victime du nouvel ordre mondial? (2)



             Dénigrée par ses adversaires (curieusement tous producteurs  de  produits  potentiellement  concurrents), l’huile de palme est accusée d'être ''impure, insalubre'' (1) En d'autres termes, c'est un élément dangereux  à éradiquer de la planète! Et comme si tout cela n'était pas assez, on lui reproche de constituer une menace pour l’environnement et la biodiversité ! Toutes ces accusations sont-elles réellement fondées ou bien l’huile de palme serait victime d’un complot international visant purement à la remplacer par d’autres produits jugés plus ''occidentaux''?

Prenant le contre pied de ces critiques sans pour autant présenter l’huile de palme comme étant la perfection absolue, nous essaieront de démêler le vrai du faux afin de découvrir le véritable mobile de cette disgrâce!

Au milieu des années 90, l'ancien premier ministre malaisien Mahatir Mohamad accusait déjà le lobby américain des producteurs d’huile de tournesol de fomenter des attaques contre l'huile de palme. Petit à petit la contre-publicité de l’huile de palme s’est accrue pour atteindre son pic en 2009 où les grandes marques de produits agro-alimentaires, sous la pression des ONG écologistes, ont été une à une quasiment forcées de marquer désormais la mention "sans ajout d'huile de palme" , ‘‘Sans huile de palme’’ ou ‘‘zéro huile de palme’’ sur leurs produits.  Préservant ainsi, à la fois leur intérêt commercial et leur image. 


Les prétextes donnés pour incriminer l’huile de palme sont d'ordre humain et environnemental.
Nous en avons recueillis les plus répandus que nous passerons au peigne fin.

1/ L'huile de palme serait un danger pour le corps humain

 “L’huile de palme particulièrement riche en acides gras saturés (45%) est néfaste pour nos artères et notre cœur lorsqu'elle est consommée en trop grande quantité…” Décryptons cette demi vérité…

Sachez que l'huile de palme a la particularité d'être solide ou semi‐solide à température ambiante. Cela signifie sous forme solide l'huile rouge est meilleure pour la santé que ses amies
(huile de colza et de soja) car elle n'a pas besoin d'être combiné avec de l'hydrogène pour être solide. Or, c'est justement le processus d'hydrogénation partielle qui entraîne la formation d'acides gras trans artificiels, dont la consommation serait  liée à des maladies cardiaques, à la hausse du taux de mauvais cholestérol et la baisse du taux du bon  cholestérol. Ce qui signifie clairement que si l’huile de palme détient  45% d’acides gras saturés, alors l’huile de colza et de soja en détiennent bien plus. Ce qui ne fait pas des deux dernières huiles les meilleures !
En plus, il a été bien mentionné : “est néfaste… lorsqu’elle est consommée en trop grande quantité”. Merci pour la nouvelle du siècle mais on sait tous déjà que tout excès nuit !

2/L'huile de palme serait un danger pour l'environnement

Bio diversité menacée : ''Le palmier à huile est un danger pour l’environnement et nuit gravement à  la biodiversité…''

La culture  du palmier à huile nécessite beaucoup moins d'engrais, de pesticides ou de carburant par unité produite par rapport au colza et au soja.  Elle pollue donc moins la terre et en plus, son rendement est très élevé. En effet, selon le rapport  Oil  World  2007 (2) l'huile  de  palme  produit  une  moyenne  de  3,72  tonnes d'huile/hectare, par rapport à 0,40 tonnes d'huile/hectare du  soja  et 0,72 tonnes pour le colza. En d'autres termes,  le palmier à huile produit près de dix fois plus
de matière grasse par hectare que le soja et plus de cinq fois plus que le colza. Au final, il fournit trois fois plus d'huile par unité d'intrant. Par conséquent, le prix de l'huile de palme brute est inférieur de 10 % à 30 % à ceux de l'huile de soja et de l'huile de colza.

Ourang-outang en danger : ''Le palmier à huile réduit le milieu de vie de nombreuses espèces endémiques et/ou protégées comme l'ourang-outan et met en danger leur vie''

Ourang-outang
Certes, j’adore les animaux et je suis pour la préservation de la biodiversité. Cependant, qu'on se le dise, les forêts tropicales      humides et les ourangs‐outangs ne seront pas mieux protégés par des mesures cruelles visant à ralentir le développement des pays producteurs d'huile de palme!                   En Malaisie, la filière emploie actuellement plus
d'un demi‐million de personnes et en fait vivre près du double (3). En Côte d’Ivoire, au Nigéria, des générations entières ne vivent que par la production de l’huile de palme. Toute restriction imposée à cette filière serait meurtrière en premier lieu pour les plus petits exploitants. Par contre, en augmentant de façon soutenue la productivité et la durabilité de leurs cultures, en utilisant plus rationnellement  les terres     et leurs revenus accrus, ces  pays pourront davantage consacrer de ressources à la protection de ces écosystèmes et protéger au mieux ces fameux ourang-outangs tant adorés !   

Destruction de la forêt : “Chaque semaine, 250.000 hectares de forêts tropicales disparaissent, selon le WWF, pour alimenter une demande internationale en augmentation constante en produits contenant de l’huile de palme.”

D'accord, mais rappelons aussi à ces militants zélés, que la déforestation n’est pas un phénomène récent : près de neuf‐dixièmes des déboisements effectués par l'homme depuis la naissance de la civilisation  ont eu  lieu  avant  1950. les  populations  humaines  ayant  dû défricher d'immenses surfaces forestières dans le but de trouver abri, nourriture et chaleur et de fabriquer une multitude d'objets (4). C’est d’ailleurs ce qui a imposé l’utilisation du gaz naturel et du     pétrole.

Palmeraie
Maintenant, venons-en au fait ! On ne détruit pas des forêts pour planter les palmiers à huile, mais très souvent on les plante sur des terres qui ont déjà été exploitées pour cultiver le caoutchouc, le cacao et noix de coco notamment. Et pendant que nous y sommes, combien d’hectares de forêt disparaissent chaque heure, au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en RDC par la faute de grands exploitants forestiers véreux? N’existe t-il pas aussi de ‘‘biodiversité’’ dans ces forêts ? Est-ce que les plantations de palmiers détruisent plus de forêt que les grandes multinationales qui exploitent les essences de bois tropicaux

Ainsi, ces campagnes massives de dénigrement de l’huile de palme ne sont pas fondées ou presque… elles visent à boycotter purement et simplement l’huile de palme afin de promouvoir  l'huile de soja/maïs/colza, ce qui n’est pas fait pour déplaire aux lobbies de l'industrie agricole … Vous avez dit lobby ?

3/ Conséquences du boycott de l’huile de palme

Un boycott de l'huile de palme n'engendrerait  aucun bienfait écologique à plus forte raison économique, comme nous venons de le constater, mais mettrait plutôt sévèrement à mal les perspectives de  croissance de régions pauvres de planète. 
Comment peut-on prétendre lutter contre la pauvreté dans le monde et en même temps arracher des mains des pays du sud un important outil de l’émergence ?  Ce serait simplement une gageure que de vouloir bannir l’huile de palme dans le seul but de la remplacer par l'huile de soja, de maïs, ou de colza plus chère et peu malléable pour la seule raison que le secteur est générateur de revenus pour plusieurs pays d’Afrique (comme le Nigéria et la Côte d’Ivoire respectivement 1er producteur et 2eme producteur africain) mais aussi pour la Malaisie et l’Indonésie.

Pour conclure, nous dirons tout simplement qu'à la base l'huile de palme n'est pas tant nocive comme on veut nous le faire croire, mais comme tout produit, elle doit être consommée avec modération car tout excès nuit. 


Notes: 
(1)Gustafsson, Fredrik. 2007. The Visible Palm: Market Failures, Industrial Policy and the
Malaysian Palm Oil Industry. Almqvist & Wiksell International. p. 87
(2) Oil World. Oil World Statistics by ISTA Mielke GmbH. http://www.oilworld.biz/app.php?ista=3e29384f7d8b6ed120a26459abe5fd4
(3) MPOC. http://www.mpoc.org.my
(4) Williams, Michael. 2001. The history of deforestation. History Today (Juillet), pp. 30‐37. Pour une analyse plus universitaire, confer Williams, Michael. 2002. Deforesting the Earth. University of Chicago Press.



1 commentaire:

OMENGUE Jean Paul a dit…

Bonjour,
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